Exposition Le Jardin
EXPOSITION
Le Jardin
Benjamin Bozonnet, Claire Chauvel, Assunta Genovesio, Frédéric Jacquin, Sinéad Lucey, Pascal Pichon, Alexandre Rosa, Jean-Noël Selve, Anne-Christine Tcheuffa-Marcou, Albertine Trichon.
16 mars - 04 mai 2023
Vernissage le jeudi 16 mars à partir de 18h30.
Sous un ciel au bleu discrètement protecteur se dissimule un jardin. On le découvre entouré d’un cloître de végétation mêlé aux vestiges de pierres anciennes, laissées là, moussues d’un quelque abandon. Une fois trouvé le chemin pour y accéder, on entre en passant sous une voûte de lierres et de racines. Il faut encore franchir une petite barrière. Ses couleurs ont la fraîcheur passée des âges. Elle se tient, bancale, à califourchon entre le monde du dehors et celui du dedans.
Figée tel un péage de rouille sans péage ni rouille, elle est entrouverte à ceux qui s’en approchent. S’y faufiler c’est laisser derrière soi le dehors qui a, ou aurait, pour nom : vacarme, agitation, tintamarre, occupations.
On entre en le jardin comme on quitte le hors, au pas hésitant d’un désir délicieux, bien conscient de ne s’étonner trop qu’on aura du mal à revenir en arrière.
A l’entrée, on trouve, somnolant dans l’herbeune pierre où l’on déchiffre cette inscription :
Hortus Conclusus, soror mea, sponsa ;
Hortus conclusus fons signatus
Que de vagues souvenirs de lycée pourraient traduire ainsi :
Ma sœur et fiancée est un jardin enclos ;
le jardin enclos est une source fermée.
Alors, de lente avancée en ce en, l’extérieur s’éloigne et ne demeure de lui que l’écho assourdi des tumultes. C’est un clos. Un havre. C’est un genre de paix qui a pour nom beauté. On s’y avance encore et c’est un comme silence. Les hommes et femmes qui y travaillent aux heures des jours y paraissent à l’œuvre à la manière de lire aux pages d’un livre d’heures.
D’eux naissent ces couleurs et ces formes grimpantes qui s’harmonisent les unes aux autres dans un langage aux phrases de senteurs, à laisser revenir en mille et une nuances les vers du poète :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
luxe, calme et volupté.
Sagesse venue, sont cultivés dans ce jardin les plus beaux fruits et les plus éclatantes fleurs. La terre y est fertile.
Sous le bleu, les verts, les ocres et les rouges sont maîtrisés et irriguent les regards d’une haute patience.
Et par elle, s’apercevoir que ceux qui travaillent là, en ce jardin, sont des peintres et que le jardin est leur œuvre. Un écho du jardin intérieur, un terreau de couleurs enfouies, recouvertes par des souches enracinées et les éboulis de vieux murs qui ne soutiennent plus grand chose.
Le jardin, fût-il si longtemps abandonné, que nous avions perdu son souvenir, la trace du chemin pour y revenir ?
Du brouhaha des extérieurs aux couleurs d’un mystère. Une nature retrouvée. Une nature ; laquelle… ? La terre comme palette… Les palettes de la terre.
De là, sans mots y réécouter le chant des couleurs, dans le refrain des lents bleus.
De la terre sur les mains et l’espérance des couleurs.
C’est un jardin enclos, entouré d’antiques pierres, l’on y accède en passant sous une voûte de lierres, en poussant la petite barrière.
A l’Art Vivant !
Mathyeu Le Bal