David Seifert

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Exposition
David Seifert (1886 - 1980)
Les Printemps du Montparnasse
David Seifert
Saxo-Blues,
Anatole, le fils de l'artiste.
Vers 1940,
huile sur panneau,
73,5 x 46,5 cm.
 
La galerie Les Montparnos est très heureuse de vous convier au vernissage de la grande exposition de l'année qui aura lieu le 
 
Jeudi 12 mars à partir de 18h30.
 
Exposition du 12 mars au 04 juin 2015.
 
Le catalogue de l'exposition en ligne en cliquant sur le lien ci-dessous :
 
David Seifert
David Seifert
Les grands oubliés. Les souvenirs de demain...
Montparnasse, les années 20. Il faut imaginer des centaines, quelque millier de peintres, de sculpteurs, d’écrivains, de compositeurs, de danseurs... venus des quatre coins du monde, qui se retrouvent là, à Paris, dans les 3 ou 4 rues rejoignant le carrefour Vavin. Imaginer cette effervescence inouïe, ce bouillonnement de création, de folle jeunesse et de liberté.
Montparnasse, ses années uniques, les ateliers héroïques.
L’après 14-18, l’après Révolution Russe, le passage d’un monde à un autre, et tout un univers s’y retrouve, y foisonne de la Grande Chaumière à la Ruche. Naissent alors les heures de légende. L’aventure y loge, y peint, y écrit à chaque coin de rue. Sans compter que les esprits ont changé. Après le chaos, l’heure est à la fête, au débordement, à la recontruction, les femmes veulent un travail et revendiquent leur autonomie, leur identité. Le quartier devient à ce moment-là une sorte de laboratoire extravagant où tout s’expérimente sans limites dans une intensité turbulente, enthousiaste et fantasque. 
 
David Seifert
Le couple s'embrassant,
Montparnasse, Jardin du Luxembourg.
Vers 1930,
huile sur carton,
signée en bas à droite
15 x 20 cm.
 
Cependant, presque un siècle plus tard, la postérité, paresseuse, ne semble vouloir retenir qu’une bien trop courte liste de noms... L’histoire de l’Art Moderne ou la mémoire partielle des cotes et enchères ?
Montparnasse, si magique ; il faudrait revenir à l’Italie du Quattrocento pour retrouver un tel moment où l’art à lui seul change le monde. Des audaces ruisselant sur les pavés de Florence jusqu’aux guéridons des terrasses des brasseries de boulevards, la même fièvre, la même force indomptée du génie et des talents. Montparnasse, la conquête de ‘‘l’Art Vivant’’. Chaque artiste est à lui seul son propre mouvement. C’est l’École de Paris.
 
Des centaines, quelque millier ...
Il aura fallu un demi-siècle à peine à ce quartier pour tout oublier de cet hier encore si brûlant.
Que s’est-il donc passé ? Comment lire les lignes de cette froide évidence : celle d’un quartier tombé dans la plus grande et rapide amnésie de toute l’histoire de la peinture.
Des centaines, quelque millier... et autant d’histoires humaines de création, qui toutes nous mumurment un même inoubliable.
J’ai souvent ce frisson lorsque je me rends à la galerie chaque matin et que je traverse le parvis de Notre-Dame-des-Champs, cette sensation de marcher encore aux côtés des géants, sur les pas de Modi, de Picasso, de Foujita, de Le Scouëzec, de Max Jacob et de croiser ces tant d’autres, une toile sous le bras sur laquelle j’essaye de déchiffrer la signature, afin de mettre un nom à un visage.
Leur esprit est toujours là, comme si l’âme libre de la beauté était nostalgique du lieu et ne pouvait se contraindre à quitter définitivement l’asphalte...
À y entendre presque, dans les courants d’airs qui s’engouffrent chaque jour dans les rues du quartier, la voix de ces peintres, sculpteurs et poêtes qui nous demanderaient : ‘‘vous souvenez-vous de nous ? ’’
David Seifert
Autoportrait à la palette.
1939,
huile sur panneau,
signée en bas à droite,
55 x 35 cm.
 
Ainsi, amoureux du quartier et de cette époque de feu m’est venu une idée de belle aventure :  sortir de l’oubli quelques uns de ces noms qui ont fait que ce vent qui souffla fut si fort et brûlant. Une aventure à partager. Non pas la mélancolie tiède d’un moment perdu, mais la redécouverte enfin d’oeuvres par le temps égarées. Et par leurs oeuvres, ces artistes qui furent ce que fut Paris et virent ce qu’était la vie. Tenter de redonner à voir des trésors disparus comme autant d’éclats retrouvés de cet incomparable époque.
Quelque millier, des centaines, et écarter les rideaux fermés de la mémoire sur tel nom puis tel autre et encore, chacun avec ses peintures, ses aquarelles, ses esquisses ou dessins. Hier était si jeune. Montparnasse aujourd’hui.
Il n’y a nulle fin à l’Art Vivant.
 
''Le montparno de la douceur''.
 
Parmi ces noms retrouvés, la Galerie Les Montparnos a choisi cette année de vous présenter l’oeuvre majeure du peintre David Seifert. ‘‘Le montparno de la douceur’’.
David Seifert faisait partie de la trentaine de peintres qui ont peint pour son inauguration le 20 décembre 1927, les colonnes de la brasserie la Coupole ; en bohême compagnie d’Auguste Clergé, l’ami de Le Scouëzec et fondateur des ‘‘peintres aux cafés’’, Marie Vassilieff, Zingg, Latapie...
Il était du groupe fameux des peintres polonais et ukrainiens (Mendjizky, Dobrinsky, Sam Granovsky...), ami de Chagall, de Paul Klee, du fauve Othon Friesz, de Soutine, de Kisling, de Mané-Katz... De même qu’il fut un proche de la première heure des peintres de l’École de Paris : Joachim Weingart et Léon Weissberg.
 
Il arrive à Montparnasse en 1924. Pour définir son oeuvre d’un trait tout général, on peut parler d’une peinture de tendresse, ainsi qu’en témoignent les portraits de sa femme Anna, ses fils Anatole et Toleck qui décèdera en 1926.
Les oeuvres des années 1925 et 1926 apparaissent comme puissantes et contrastées, les visages sont surlignés de noir, les couleurs s’imposent pures et fortes, expressionnistes. Ressortent aussi des jaunes, des verts émeraude sur les portraits d’Anna, de Toleck endormi et Toleck à la poupée.
Après son séjour dans le sud (1933 – 1939) les contours se lissent et se fondent, les transparences jouent avec les ocres et les blancs.
David Seifert
Fillette au fauteuil,
la robe bleue.
1933,
huile sur toile,
72 x 62 cm.
 
La peinture de David Seifert est un songe au coeur de l’atelier, un chaud délicat, une caresse sur la toile. Une touche à la légèreté du coton, sans écrasement, la peinture juste soufflée sur la surface, laissant ainsi gravé en le toujours, l’atmosphère d’une séance de pose. Un voile inapuyé et sensible semble flotter sur la toile à un point tel que l’on ne distingue plus précisément la nature de chaque couleur. Serait-ce un bleu ? Un blanc ? Une teinte terre ? Tout est tons retenus dans la grâce d’une apesanteur.
Une famille au coeur du quartier. Des fleurs, des amoureux s’embrassant sur les bancs du Jardin du Luxembourg, jusqu’aux paysages cubistes des immeubles Pouillon peints sur les hauteurs de Meudon. Son approche de la composition change.
Il émane de l’oeuvre de David Seifert un sentiment heureux de sérénité.
 
La galerie Les Montparnos a grande et chaleureuse hâte de vous inviter à découvrir l’un des peintres les plus attachants de ce Montparnasse de l’entre deux guerres.
Au plaisir donc de nous retrouver lors de cette exposition et trinquer à ‘‘l’Art Vivant’’, de porter belle santé à l’un de ceux qui ne doivent plus être ‘‘les oubliés’’. Aux printemps retrouvés, tchin... !

 

Mathyeu LE BAL

David Seifert
David Seifert, le pilastre de la Brasserie La Coupole. 1927.

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