Ainsi, amoureux du quartier et de cette époque de feu m’est venu une idée de belle aventure : sortir de l’oubli quelques uns de ces noms qui ont fait que ce vent qui souffla fut si fort et brûlant. Une aventure à partager. Non pas la mélancolie tiède d’un moment perdu, mais la redécouverte enfin d’oeuvres par le temps égarées. Et par leurs oeuvres, ces artistes qui furent ce que fut Paris et virent ce qu’était la vie. Tenter de redonner à voir des trésors disparus comme autant d’éclats retrouvés de cet incomparable époque.
Quelque millier, des centaines, et écarter les rideaux fermés de la mémoire sur tel nom puis tel autre et encore, chacun avec ses peintures, ses aquarelles, ses esquisses ou dessins. Hier était si jeune. Montparnasse aujourd’hui.
Il n’y a nulle fin à l’Art Vivant.
''Le montparno de la douceur''.
Parmi ces noms retrouvés, la Galerie Les Montparnos a choisi cette année de vous présenter l’oeuvre majeure du peintre David Seifert. ‘‘Le montparno de la douceur’’.
David Seifert faisait partie de la trentaine de peintres qui ont peint pour son inauguration le 20 décembre 1927, les colonnes de la brasserie la Coupole ; en bohême compagnie d’Auguste Clergé, l’ami de Le Scouëzec et fondateur des ‘‘peintres aux cafés’’, Marie Vassilieff, Zingg, Latapie...
Il était du groupe fameux des peintres polonais et ukrainiens (Mendjizky, Dobrinsky, Sam Granovsky...), ami de Chagall, de Paul Klee, du fauve Othon Friesz, de Soutine, de Kisling, de Mané-Katz... De même qu’il fut un proche de la première heure des peintres de l’École de Paris : Joachim Weingart et Léon Weissberg.
Il arrive à Montparnasse en 1924. Pour définir son oeuvre d’un trait tout général, on peut parler d’une peinture de tendresse, ainsi qu’en témoignent les portraits de sa femme Anna, ses fils Anatole et Toleck qui décèdera en 1926.
Les oeuvres des années 1925 et 1926 apparaissent comme puissantes et contrastées, les visages sont surlignés de noir, les couleurs s’imposent pures et fortes, expressionnistes. Ressortent aussi des jaunes, des verts émeraude sur les portraits d’Anna, de Toleck endormi et Toleck à la poupée.
Après son séjour dans le sud (1933 – 1939) les contours se lissent et se fondent, les transparences jouent avec les ocres et les blancs.