David Seifert (1896-1980), les âmes élégantes

Publié le par LE BAL Mathyeu

Le peintre David Seifert et son fils Anatole, Sanary-sur-Mer, vers 1935

Le peintre David Seifert et son fils Anatole, Sanary-sur-Mer, vers 1935

Exposition de Mai

David Seifert 

(Wolanka, Pologne, 1896 – Meudon 1980)

Les âmes élégantes

Vernissage le jeudi 15 mai à partir de 18h30

15 mai - 21 juin 2025

Couple assis sur un banc, jardin du Luxembourg, vers 1945

Couple assis sur un banc, jardin du Luxembourg, vers 1945

David Seifert est issu d’une famille juive aisée de Galicie, en Pologne. Hésitant entre le violon et le dessin, il choisit finalement la peinture. Il se forme à Cracovie puis en Allemagne, à Weimar et Berlin. Il découvre Paris en 1924, accompagné de sa femme Anna et de leur premier enfant Toleck. Au cœur des Années folles, en proie à la misère, il se tient à l’écart du Montparnasse festif.

Anna et Toto, 1933

Anna et Toto, 1933

Dans cette époque d’une grande précarité, la tragédie vient frapper à leur porte : après la perte de leur petite fille en Pologne, leur fils Toleck, âgé de quatre ans, succombe à son tour de maladie à l’hôpital Necker. Et comme une revanche au malheur, Anatole naît en 1927. Il sera surnommé Toto et devient le modèle préféré de son père. 1927 est une date doublement heureuse : David Seifert est choisi parmi une trentaine d’autres peintres pour orner les colonnes de la Brasserie La Coupole inaugurée la même année.

Anatole adolescent, 1942

Anatole adolescent, 1942

Une famille au cœur des Années folles

Dans l’atelier, en retrait des grands tourbillons de l’art moderne, David Seifert peint ces instants de bonheurs familiaux. Sur les toiles, les portraits d’Anna, d’enfants, les promenades dominicales au jardin du Luxembourg dévoilent ces moments heureux d’intimités … Dans ce Paris, qui se révèle aussi lumineux que difficile, la peinture est cet abri protégé, épargné par la violence et la dureté du dehors. Nul ombre du monde n’entre sur les toiles et ne perturbe cette joie des couleurs.

nature morte au ciboire, 1939

nature morte au ciboire, 1939

Notes de rouges baignées dans le vert


David Seifert quitte régulièrement la grisaille parisienne pour peindre en plein air.  Il est à la fois un peintre intimiste et un paysagiste doté d’un sens inné de la composition. Il se rend fréquemment dans  l’Yonne et à Cosne-sur-Loire. Le peintre affectionne les couleurs et les formes de ces petits villages en bord de fleuve, où alternent courbes vallonnées et architectures.  Sur les traces de Cézanne, cherchant de soleil, il découvre Saint-Paul-de-Vence puis Sanary.  La famille s’installe à Sanary-Portissol dans un cabanon pendant 7 ans. Toto y fera une partie de sa scolarité.
De nouveau à Paris en 1937, ils logent au 73, rue Notre-Dame-des-Champs dans le quartier de Montparnasse. Le peintre fréquente assidûment l’académie de la Grande Chaumière. Durant la guerre, Anna échappe de peu à la Rafle du Vél’ d’hiv’ (1942), la famille part se réfugier à Vaudherland.

La lune blanche, après 1945

La lune blanche, après 1945

Après-guerre, les Seifert retrouvent une nouvelle fois la capitale et l’atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs. La peinture est au centre de leur vie. Chevalet contre chevalet, Anatole peint aux côtés de son père. Le fils montre de belles aptitudes. Ses parents le décourageront cependant à embrasser une voie artistique. Anatole deviendra médecin. En 1961, la famille déménage au 25, route des Gardes à Meudon. Au 25 bis, leur voisin s’appelait Louis-Ferdinand Céline. Jusqu’à son dernier souffle en 1980, David Seifert va peindre, dans une facture proche du cubisme, des paysages des hauteurs de Meudon : les immeubles Pouillon, Saint-Cloud et la Seine qui entoure la grande ville.

Saint-Sauveur-en-Puisaye, l'Yonne, vers 1960

Saint-Sauveur-en-Puisaye, l'Yonne, vers 1960

Exposition en mémoire d'Anatole Seifert (1927-2019)