Léon Weissberg (1895-1943), invitation pour le vernissage
Présentation :
Quand il arrive à Paris « capitale des arts » à l’automne 1923, le peintre galicien polonais Léon Weissberg se rend directement, à 2 heures du matin, au café de La Rotonde à Montparnasse, à la rencontre des peintres de tous pays. Peintre reconnu - il a reçu en Autriche une solide formation à l’École des Beaux-Arts de Vienne puis à l’Académie Royale de Munich, il a vu naître la Sécession à Vienne et l’Expressionnisme allemand à Berlin.
Lui-même tend vers un expressionnisme humaniste et charnel, empreint de poésie et de spiritualité. Des personnages immobiles font ressentir comme en songe l’âme des êtres, leur solitude, leur mystère, dans un clair-obscur que rehaussent la finesse des couleurs et l’introduction du blanc et du noir,
Il se reconnaît pour maître Rembrandt, rend hommage à Corot, Renoir et Rouault, et voit en Cézanne et Van Gogh les fondateurs de la peinture moderne. Dès 1925, il expose au Salon d'Automne de remarquables natures mortes puis, en décembre, un ensemble d’œuvres à la célèbre galerie de Sliwinski Au Sacre du Printemps, 5 rue du Cherche-Midi, au sein du Groupe des Quatre, avec Menkès, Aberdam et Weingart – quatre Galiciens.
La même année, Léon Weissberg rencontre Marie Ber à La Rotonde. C’est un coup de foudre. Le soir-même il l’invite au Bal Nègre, ils sortiront ensemble deux ans et il l’épousera à Paris en 1927. Ils auront une fille, Lydie.
Portrait d’une jeune femme (Marie) inaugure une série de lumineux portraits de femme sur de grandes toiles, représentant le plus souvent Marie. Des femmes immobiles et perdues dans leurs pensées, le regard, profond et absent au monde, comme tourné vers l’intérieur. Son tableau La Mariée juive, nu audacieux et poétique, connaît un succès retentissant (1926). Il peint aussi de très beaux paysages, des natures mortes et bientôt ses fameux cirques, clowns, écuyères et danseuses, compositions de couleurs vives, rêves magiques d’amour et de liberté.
Ce grand jeune homme blond au fin visage, l’élégance naturelle et le regard clair – comme en témoignent le poète surréaliste Philippe Soupault et les historiens tels Aronson et Fenster, a aussi de l’esprit et devient une figure de Montparnasse, où on se fait des amis aux terrasses des cafés, « ces salons en plein air ». Il y rencontre les peintres André Derain et Georges Rouault, Mendjizky, Kikoïne, Soutine, Eugène Zak, les sculpteurs Giacometti, Indenbaum et Chana Orloff, les écrivains Shalom Asch, Warszawski, tant d’autres... et les galeristes, le poète Zborowski ami de Modigliani devenu marchand, dont il fait un saisissant portrait, et Vladimir Raykis de la galerie Zak qui devient son marchand attitré.
En février 1943, Weissberg est arrêté par deux gendarmes à l’auberge d’Entraygues-sur-Truyère où, réfugié, il continue de peindre paisiblement. Interné par les nazis aux camps de Gurs puis de Drancy, il est déporté le 6 mars et exécuté au camp d’extermination de Majdanek le 11 mars 1943. Il avait 48 ans.