assunta genovesio
INVITATION VERNISSAGE
Je voudrais parvenir au cœur
Des choses, en toutes :
Dans l'œuvre, les remous du cœur,
cherchant ma route.
Boris Pasternak
Chers amis de la galerie,
Assez lu depuis 30 ans que la peinture était morte, que l'art était passé à autre chose.
L'été approche et Montparnasse est bien vivant.
Ô saisons
Ô tableaux.
Voici pour nouvelle exposition de la galerie, en cette fin d'année, le retour des beaux-jours et la chaude lumière entrant dans l'atelier.
La galerie Les Montparnos est très heureuse de vous inviter au vernissage de sa nouvelle exposition consacrée au peintre
Assunta Genovesio
Les poses du temps
Le vernissage se tiendra
le mercredi 16 mai à partir de 18h30.
Exposition du 16 mai au 27 juin 2018.
Exposition inédite de près de cinquante œuvres :
huiles, gouaches, dessins, gravures provenant de l'atelier du peintre.
Un beau catalogue d'une soixantaine de pages sera publié pour cette occasion et disponible à la galerie.
Rendez-vous donc le mercredi 16 mai à la galerie, en présence de la peintre et de son œuvre, des amis, et ainsi partager ensemble un vrai moment autour d'une peinture des aujourd'hui revenus.
Exposition-événement : Assunta Genovesio - Les poses du temps
Les poses du temps
16 mai - 27 juin 2018
C’est un atelier de banlieue.
On est loin de la grande ville et de ses centres.
Une maison, un jardin clos, l’atelier et ses trois fenêtres.
Un tableau…
Serait-ce les eaux dormantes d’une rivière amarrées à la rouille des péniches ?
Un nu de femme dans la lumière tamisée du soir ? Un ami venu pour poser ?
Ou peut-être encore le tableau d’un paysage, un coin paisible et vert où l’on peut se recueillir sous les ombres du soleil ?
Un tableau sur la saveur du temps qui passe, qui longe les bordures du chemin d’à-côté, loin du bruit et de ses actualités filantes.
À y surprendre parfois, un instant, les lentes heures engourdies du modèle qui patiente sous la lumière descendante d’une fin d’après-midi. Une heure suspendue où l’horloge tient la pose.
Par l’une des trois fenêtres entrent les derniers rayons du ciel qui viennent caresser les visages et frôler les chairs nues. La fixité pensive du modèle semble ralentir chaque instant des aiguilles du cadran. C’est un nu d’une pudeur sensuelle, le désir est là sans y être, comme s’il était lui aussi un peu en marge, à la fois dedans et dehors, comme flottant dans l’atmosphère. C’est le soir à présent, la lumière du jour a laissé place à celle chaude d’une lampe. Elle éclaire différemment, d’une façon plus intime, plus enfouie, en secret. Un peu comme ces peintres d’autrefois qui peignaient à la bougie. La lumière semblait alors provenir de l’intérieur des corps et des choses.
C’est un atelier de banlieue.
On est loin de la grande ville et de ses centres.
Une maison, un jardin clos, l’atelier et ses trois fenêtres.
Du dehors au dedans, du bruit au silence, de l’agitation au calme, de la vitesse à l’immobilité, de la foule à la quiétude.
Le silence est épais, si dense que c’en est une matière tactile, qu’on l’entend jusqu’en sa discrétion. Quand tout se tait, la peinture est là qui apparaît enfin. Est-ce la saisie de l’immobilité qui crée ce silence, ou l’inverse ?
La peinture doit-elle être parlante ? Sa condition nécessaire se situerait-elle dans ce retrait, ce dépouillement ?
S’abstraire des mots ; taire les heures…
Un bruit, un claquement de porte, des bribes extérieures venues du grand blabla… et l’œuvre s’en va. Rien ne doit heurter le calme et la fixité de la pose. Dans la paix de l’atelier ou sur le motif, le peintre se défait en lui-même du vacarme qui étouffe afin que puisse surgir de quelque profondeur l’œuvre telle libérée...
Mais revenons à cette peinture, toute de tendresse et de sensualité, comme une confidence accordée à nos yeux par la volupté elle-même. Sage. Sage ?
Les nus aux postures inventées et sensuelles s’étendent dans une pudeur et une aise naturelle et entière.
Sur les toiles, s’épanouissent des enfants, des maternités, à l’abri tout contre du châssis.
La peinture et l’atelier devenant ce jardin clos pareil à celui de l’Eden qu’entourent les souvenirs.
D’autres figures et personnages se reposent recroquevillés, en position fœtale, pour ébaucher un sentiment de confiance, de protection, que garantit cette demeure qu’est la peinture. Un lieu, celui de l’espace de la toile où tout est préservé du secret confié. Pas un mot mais un vis-à-vis sur l’intériorité du peintre.
Une barque abandonnée repose sous les arbres du canal. Ce sont des verts, des mauves et des bleus d’été. Les paysages sont harmonieusement ordonnés et maîtrisés assurant un refuge à celui qui y entre par le regard. Une paix que nul ne saurait troubler.
L’œuvre dompte le sauvage, le tient. Il est resté en laisse à la porte d’entrée. Nulle autre force que celle de la chaleur des couleurs. La brutalité est bannie. Les orangés, les rouges, les jaunes et les pourpres se dressent en rempart contre les assauts de la virulence.
Bruit, brutalité, comme ces deux mots se ressemblent.
Sur la toile ou sur le papier, seul s’entend la vibration des textures qui murmure à nos yeux : « la peinture est la terre des vivants ».
À observer chaque modèle ou personnages de ces tableaux, on les sent absorbés dans leurs pensées. Le temps paraît attendre et les choses en lui font une pause. À quoi songent-ils donc ? Rêvent-ils éveillés ? Est-ce une sorte de spleen ? Ou sont-ils, timides, tout de l’étonnement devant les absurdités ? La peinture quant à elle ouvre un passage, dirait-on, vers la beauté à nouveau osée.
Des tableaux où la pensée du peintre s’efface dans l’œuvre elle-même laissant affleurer au regard des reflets de mystère et de poésie.
Si toute œuvre d’artiste in fine se donne à découvrir dans son ensemble comme un unique chemin-vers… comment serait-il possible, toile après toile, de lire celui d’AssuntaGenovesio ?
AssuntaGenovesio… ?Assunta… l’Assomption.
Et s’il s’agissait de voir le peintre avancer d’une œuvre à l’autre vers la découverte de son propre nom (prénom) ?
« Devenir son nom », n’est-ce pas d’ailleurs la quête qu’évoquent les grandes traditions…
Assomption : l’adjonction… « S’adjoindre » ou « être transporté vers », dit la racine latine. L’Assomption : celle de la Vierge Marie, bien-sûr, adjointe à l’éternité. L’adjonction du temps à l’éternité au désespoir de la mort elle-même.
AssuntaGenovesio… une adjonction au haut silence par les couleurs ; à la présence par ces corps, le visage de ces portraits ; à la paix par ces paysages, ces vues d’intérieurs. Et qui sait ? – peut-être – une adjonction à la beauté elle-même, retrouvée, par la peinture dont chaque geste serait celui, posé sur la toile, du retirement. Assomption, être transporté vers…
Une œuvre de passion et de retenue, à la lumière intérieure d’un feu charmé, une flamme qui éclaire mais ne brûle.
C’est un atelier de banlieue.
On est loin de la grande ville et de ses centres.
Une maison, un jardin clos, l’atelier et ses trois fenêtres.
Pour accueillir et fêter l’été, la galerie Les Montparnos est très heureuse de vous inviter à découvrir l’exposition consacrée au peintre Assunta Genovesio qui se tiendra du mercredi 16 mai au mercredi 27 juin 2018.
À l’Art Vivant !
Mathyeu Le Bal