Invitation Vernissage - Le jeudi 26 octobre à partir de 18h30.

Publié le par LE BAL Mathyeu

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Astolfo Zingaro - La lumière est un secret

Publié le par LE BAL Mathyeu

Exposition d'automne

Astolfo Zingaro (né à Naples en 1930)

La lumière est un secret

26 octobre - 9 décembre 2017

Astolfo Zingaro - La lumière est un secret

La lumière est un secret

 

Paris, ligne 12, nord-sud, de la station Notre-Dame-des-Champs au métro Abbesses. De Montparnasse à Montmartre, deux monts où s’enracine la légende. A l’ombre du Moulin de la Galette se trouve un atelier, rue Tholozé, dernier étage sans ascenseur. En haut de l’escalier le peintre qui nous ouvre sa porte se nomme Astolfo Zingaro. A l’intérieur, quatre grandes baies vitrées ouvrent les toits de Paris, leurs bleus ardoise veinent le gris du ciel et le blanc nacreux des pignons de la ville. D’ici, de là, les gouttières rigolent le ciel et les cheminées entre-elles se montrent leurs coiffes. Tout s’angle ainsi dans les hauteurs jusqu’aux cassures des lignes qu’une anarchie harmonique imbrique. On est loin de l’agitation branchée, banale, d’un quartier à la mode. Un îlot de quasi vétusté glorieuse au-dessus de la ville.

Astolfo Zingaro - La lumière est un secret

Le sol de l’atelier est marbré d’un lourd tapis de peinture sèche, sa palette est une table entière sur laquelle s’agglomèrent des monts résiduels de peintures sur-usées, des tubes, des pots gros comme ceux d’un peintre en bâtiment et de pinceaux dont certains plus larges que des rouleaux. Les murs, également, sont tapissés de peintures. Les tableaux empilés les uns contre les autres font office de mobilier. Deux ou trois chaises, un chevalet. L’ensemble est simple, juste, rien de plus rien de moins, ici, est lieu consacré. Il faut savoir que chaque tableau de Zingaro pèse plusieurs dizaines de kilos et est constitué de superpositions de couches denses, séance après séance de travail, année après année, comme autant de chronologie de couleurs et d’épaisseurs de temps. Chaque toile est une vie, la trace des vécus, le passé comme poupe à l’arrière d’une proue pénétrant l’inconnu. Comment dater ces œuvres ? Ne pas se fier aux chiffres au dos d’une toile. Mieux vaut préciser l’âge du tableau. Ce tel a 30 ans, cet autre en a 40 et…cet… era. Au point que le poids permette d’en avancer l’âge. Chaque tableau comme strates d’une expérience.

Face au miroir, 2014-2017, huile, signée, 100 x 81 cm.

Face au miroir, 2014-2017, huile, signée, 100 x 81 cm.

Le tableau d’ailleurs peut-il être fini ? Est-ce le peintre ou le tableau qui décide de la dernière couche ?

« Je peins ce que j’ai sous les yeux ; je suis dans cet atelier depuis presque toujours » m’a confié Zingaro. « Et la peinture, pour toi ? » lui demandais-je ?... « Je n’ai aucune opinion ».

L'Ombre rouge, 2007, huile, signée, 100 x 81 cm.

L'Ombre rouge, 2007, huile, signée, 100 x 81 cm.

Des peintures qui montrent ce que le peintre a sous les yeux, tout simplement, une vue au dessus de Paris, l’intérieur de l’atelier, une table, un nu, quelques tubes de peintures, une nature morte, des fruits… la vie.

Au début de l’œuvre, tout est clair, on distingue bien les choses représentées. Mais peu à peu, au fur et à mesure que les couches se déposent, ces visibles d’apparence commencent à disparaître. La représentation est toujours là mais de plus en plus loin, telle ensevelie, recouverte. La peinture par-dessus les choses, ou bien des tableaux qui seraient de plus en plus de la peinture et de moins en moins ce que l’on croyait visible. À se surprendre y voir une nature qui reprendrait ses droits sur la ville dès que celle-ci relâcherait son attention, un peu comme ces racines d’arbres qui déchaussent les ciments des trottoirs ou des bords du fleuve.

 

« Tout ce que j’ai essayé en peinture c’est d’arriver à cela, à une espèce d’absence presque, pour que la peinture soit totalement elle-même. »

Eugène Leroy

Astolfo Zingaro - La lumière est un secret

Remonter la source.

Patiemment, à tâtons, le peintre s’éloigne du sujet et avance vers une réalité autre, plus profonde, qui semblait attendre derrière les images. Recouvrir le tableau comme pour cacher quelque chose qui serait l’apparence. Plâtrer le mensonge, couvrir les séductions, voire les ruses du style et, mystérieusement, faire émerger, légère, une forme qui pourrait être celle de l’essentiel. Des masses de matières lourdes découvrant un visible nouveau en fentes de lumière. Voir enfin dans le grondement des couleurs, une présence sûre et furtive. Sans doute est-ce pourquoi, qu’une fois achevé – mais peut-il vraiment l’être ? – le tableau demande au regard à qui il se confie, d’apprivoiser le temps.

 

« Soudain vous entendîtes les jours passés.

Ils résonnaient sous ce jour-ci, et non pas dans votre mémoire ; ils n’étaient pas en votre corps, mais dans les choses, dehors, - plutôt, ils étaient on ne sait où, entre les choses et vous. Ce n’était pas du souvenir, mais du sentir. Une fissure, une faille de temps, ouverte plus qu’aux entrailles de la conscience, rejoignant un élément nouvel, inépuisable, troublement pur, où des instants passés pareils à celui-ci, étaient pris.

Je sens ce que j’ai déjà senti

Catherine Pozzi, (Peau d’Âme).

 

Les citrons, 1987, huile, signée 81 x 100 cm.

Les citrons, 1987, huile, signée 81 x 100 cm.

Des signes apparaissent et fixent une présence dans l’ambre des couleurs.

Et cette présence se donne à être découverte à mesure que le peintre couvre et recouvre sa toile, de strates de couleurs. Sensuel paradoxe. À moins que Zingaro ne soit l’un de ces derniers passeurs du savoir nous rappelant que rien ne se peut vraiment penser sans le sensible.

Sur la toile, le pinceau caresse et caresse lentement et sans cesse le monde à presque entendre le geste rituel demander : « Es-tu là univers ? »

 

Éclats rouges vifs, blanc sourd, verts étranges et jaune calme… Jusqu’au venir, à peine dans une sorte de transparence, d’un reconnu.

Astolfo Zingaro - La lumière est un secret

On le sait, le quotidien d’un peintre est une difficile épreuve d’endurance et de solitude. Il doit surmonter un à un les obstacles de l’incompréhension de son entourage. A croire que de nos jours la quête de la beauté n’est plus indispensable. L’artiste doit faire face aux regards hâtifs et désertiques, asséchés par la grande usine à images. A rendre le cœur opaque. Aujourd’hui on sait que les gens regardent un tableau en moyenne 3 secondes. Pendant ce temps, il aura fallu au peintre 60 ans pour parvenir à « achever » le tableau.

Alors Astolfo pourquoi continuer ? Jusqu’au bout et à contre courant du monde ? Qu’elle est la nature de cette quête, de cette espérance ?

Astolfo Zingaro l’homme du haut atelier qui toujours garde son sourire d’enfant. Le peintre qui parle de peinture avec bonté. Il est des rides que l’on sait ouvertes sur l’humilité sincère. Son œuvre si lumineuse se dévoile, discrète, et indiscutable et qu’importe si cet indiscutable n’est pas traduisible. Après tout la lumière est un secret.

Tête d'homme, 2017, huile, 41 x 27 cm.

Tête d'homme, 2017, huile, 41 x 27 cm.

Le temps d’un atelier, en marge des idées, plus d’arguments, juste le tableau d’une vie sur les toits du réel. Les tôles de l’aube.

 

Parce que cela est bon, parce que cela est beau. Qu’y a-t-il de plus vrai ?

 

La Galerie Les Montparnos est fière et heureuse de vous inviter à découvrir cette nouvelle exposition consacrée au peintre Astolfo Zingaro qui se déroulera du jeudi 26 octobre au samedi 9 décembre 2017.

 

À L’Art Vivant !

 

Mathyeu Le Bal

Le port de Saint-Tropez, vers 1960, huile, 60 x 103.5 cm.

Le port de Saint-Tropez, vers 1960, huile, 60 x 103.5 cm.

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Astolfo Zingaro (Né à Naples en 1930)

Publié le par LE BAL Mathyeu

Astolfo Zingaro (Né à Naples en 1930)

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