Pierre Bancharel (1937-2018) Le bonheur du temps

Publié le par LE BAL Mathyeu

Pierre Bancharel (1937-2018) Le bonheur du temps

Exposition de printemps

Pierre Bancharel (1937-2018)

Le bonheur du temps

24 mars - 05 mai 2022.

Le dimanche, 1966, huile sur bois, 80 x 117 cm

Le dimanche, 1966, huile sur bois, 80 x 117 cm

Je souhaite dans ma maison :

Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison, 
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
 
Guillaume Apollinaire, 1911
Le Chat, Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée
 
 
Avoir été de la ville, de son agitation, de ses espérances et de l'ivresse de ses lumières, et...
Avoir été de Montparnasse, de ce mythe du réel pour toujours gravé dans le macadam, où se sont faits les noms, et...

Dans ce Paris de l'après Seconde Guerre mondiale, celui des années 1950/1960, on pouvait sentir ce parfum des légendes d'un autrefois pas si lointain. La mémoire encore chaude témoignait des heures de l'aventure. A Montparnasse, les esprits veillaient sur les bancs de l'Académie de la Grande Chaumière ou accoudés au zinc des cafés du Dôme, de La Coupole, de la Rotonde ou du Sélect. L'atmosphère embuée d'alors y demeurait, s'accrochant comme peut, avant d'avoir à se dissiper complètement dans la poussière de chantiers de grandes tours. Un monde s'éveillait ouvrant un oeil sur la ville aux règles nouvelles.
Nu couché, 2012, huile, 37 x 45 cm.

Nu couché, 2012, huile, 37 x 45 cm.

Ce qui était n'est plus, inutile d'être nostalgique. Au fur et à mesure, les peintres furent chassés en douceur. Implacable, cette époque artistique autre proclamait le règne de l'abstraction, de l'idée et du coûte-que-coûte du moi seul. Sans visage. Peu à peu, sans que l'on s'en rende compte alors, s'imposa, un diktat, celui du "in", condamnant celui qui ne s'y pliait au statut de "has been". Dans un embouteillage d'actualités et de modes défilantes, la peinture, devenue orpheline, était mise au ban. La représentation de la figure humaine, considérée comme hors sujet, n'avait plus à faire partie du propos. Au point qu'imperceptiblement, c'est la peinture elle-même qui fut invitée à quitter le domaine des arts, et tout un petit monde finit par dire d'elle sur un air d'"enfin !" : "elle est morte, elle est morte !"
Les vainqueurs, 1986, huile, 66 x 90 cm.

Les vainqueurs, 1986, huile, 66 x 90 cm.

Pierre Bancharel s’est retrouvé dans ce Paris du vacarme qui n’était plus celui de la peinture. Il cherchait à retrouver le parfum de cet avant qui s’évanouissait, à en entendre l’écho. Sans doute fut-il surpris. Lui qui venait des coteaux au pied des Pyrénées s’était présenté naturellement au pied de Montparnasse, la montagne des poètes. « Alpinisme pour alpinisme » disait Guillaume Apollinaire. Il y passe alors ses jeunes années de formation entre les Beaux-Arts, la Grande Chaumière et surtout ses visites au Louvre. Le jeune peintre comprend là rapidement que comme d’autres il n’est plus le bienvenu dans cette capitale qui a laissé New-York lui ravir le titre de centre mondial de l’expression.

La souche, 1975, huile, 91 x 64 cm.

La souche, 1975, huile, 91 x 64 cm.

Aussi rentre-t-il fréquemment chez lui pour retrouver ses montagnes et Pau la ville de sa naissance. Dans ses bagages, il rapporte la découverte des œuvres de Courbet, Rembrandt, Chardin ou Soutine… Chez lui, il installe un atelier, son lieu, refuge au plus près des hauteurs de l’enfance. Ici, dans son élément, Pierre Bancharel se retrouve face à un temps aux heures intemporelles dont il va faire sa matière. Le voici à saisir l’épaisseur du silence et heureux de voir s’écouler chaque heure de ce face à face. Le son de l’horloge pose tel ou tel ton de rouge ou de bleu sur la toile. Le peintre est là, devant cette surface où sans fin se reflète la création du monde.

Le rêve de Petitou, 1995, huile, 89 x 106 cm.

Le rêve de Petitou, 1995, huile, 89 x 106 cm.

C’est une vie toute de continuité, sans biographie, ni date, ni période marquante, telle un cours d’eau vive sculptant lentement chaque obstacle en arronde de temps. Sur la toile, les nus s’étendent, sensuels, un chat observe nonchalamment, les enfants font une sieste. Dans cette nature morte, chaque objet vit, chaque ustensile est à sa place, bien ordonnée, le réveil posé sur le chevet marque 7 heures. À voir le cadran, c’est le temps qu’on entend.

La cuisine, 1971, huile, 74 x 54 cm.

La cuisine, 1971, huile, 74 x 54 cm.

Au dehors la nature ébouriffée nous enivre de ses joies et nous affame de ses possibles. De ses aller-retours à Paris, sans quitter trop longtemps la ville des yeux, des gris et des ocres nous klaxonnent une autre réalité. Est-elle si réelle ? Pierre Bancharel a mis le monde de côté pour mieux le peindre. « J’étais à la fois dedans et dehors » écrivait Francis Scott Fitzgerald.

Rue de Paris, 1999, huile, 21 x 36 cm.

Rue de Paris, 1999, huile, 21 x 36 cm.

La peinture a décidé pour lui. Il sera grâce à elle. Ici nulle ambition de carrière ni volonté de succès mais autre chose, celle de consacrer sa vie à incarner les couleurs.

L'homme au chien, 2003, huile, 50 x 30 cm.

L'homme au chien, 2003, huile, 50 x 30 cm.

La Galerie Les Montparnos est heureuse de vous inviter à découvrir le peintre Pierre Bancharel (1937-2018).

A l'Art Vivant

Mathyeu Le Bal

La grand-mère et ses petits-enfants, 2014, huile, 34 x 34 cm.

La grand-mère et ses petits-enfants, 2014, huile, 34 x 34 cm.